Le mois dernier, nous nous réjouissions des bons chiffres de fréquentation du Ciné 104 sur l’année 2024 et par là même de la bonne santé de notre cinéma, situé en Seine-Saint-Denis et soutenu par Est Ensemble.

Ce mois-ci, j’élargis la focale pour m’intéresser aux autres territoires, alertée par les nombreuses annonces de coupes budgétaires qui mettent à mal le monde de la culture. Les arguments avancés, sous couvert de participation à la réduction de la dette nationale, sont toujours d’opposer le populaire à l’élitisme subventionné. En clair, les œuvres et les artistes soutenus par les deniers publics n’intéresseraient qu’une part infime de la population. Au Ciné 104, nous estimons que pour les adultes, comme pour les élèves accueillis dans le cadre des séances scolaires, le public se crée au contact d’une œuvre et qu’il ne préexiste pas à celle-ci. Qui peut décréter avant de l’avoir vu que tel film est pour untel ou unetelle ? En tant que spectatrice ou spectateur, on ne sait jamais quand, ni par qui, ou pour quelle raison, une œuvre nous touche. Voilà pourquoi nous nous attachons à laisser la possibilité à des publics très différents de découvrir la grande variété des films que nous programmons, sans préjuger de la sensibilité ou de l’intelligence des spectateur·ice·s.

Ce mois-ci, par exemple, qui peut savoir avec certitude à qui s’adresse À Bicyclette (M. Mlekuz), un road trip du deuil, tour à tour hilarant et émouvant ? Black Dog (H. Guan), film chinois couronné au dernier festival de Cannes ? Les Filles du Nil (A. El Amir & N. Riyadh), documentaire sur un groupe de filles coptes qui s’émancipent grâce au théâtre ou encore Tardes de Soledad, d’Albert Serra que nous recevrons le 24 mars ou The Insider (S. Soderbergh,) pure production hollywoodienne, efficace et jouissive ? Plutôt que de préjuger, réjouissons-nous de toutes ces richesses et au passage de la programmation internationale de ce mois-ci. En matière d’ouverture d’esprit, au Ciné 104, on adore !

Anne Huet - Directrice des cinémas de Pantin